« Aire sensorielle » : différence entre les versions
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Version du 14 octobre 2024 à 16:48
Vue d'ensemble
Introduction
L’enfant qui aborde le sensoriel est bien orienté, il s’est normalisé grâce au raffinement de son mouvement.
Le mouvement maîtrisé et raffiné va s’allier au travail de raffinement des perceptions sensorielles. Le but étant le développement de l’intelligence. Une des particularités de la pédagogie Montessori est de parler de raffinement des perceptions sensorielles qui va servir le développement de l’intelligence. Le matériel sensoriel va permettre à l’enfant de prendre conscience de perceptions jusque là inconscientes.
La connaissance est ancrée dans le corps grâce à la main et au mouvement. La racine des concepts que nous manipulons est dans notre corps. On passe du concret à l’abstraction.
A la maison des Enfants, en arrivant, l’enfant a déjà commencé son travail d’abstraction. On met de côté des particularités pour ne retenir que l’essentiel. Abstraire est une capacité d’ordonner, comparer, évaluer. L’enfant absorbe cette structure.
On lui fait prendre conscience de la qualité des objets. S’il reconnaît un chien, c’est qu’il a isolé les caractéristiques du chien, que ce soit un berger allemand ou un caniche.
C’est comme un nouvel alphabet pour lire le monde.
Esprit Absorbant p 147-148 « Donner les qualités séparément, c’est comme donner l’alphabet de l’exploration : une clé qui ouvre les portes de la connaissance. Quand on a classé avec ordre les qualités que l’on a déjà apprécié les gradations de chacune, on peut apprendre à tout reconnaître dans le milieu et dans la nature.» C’est une préparation à voir le monde de manière plus fine. L’enfant définira alors mieux sa relation au monde. Il s’orientera mieux, il fera plus facilement ses propres choix, il décryptera mieux le monde. « Tout réside dans le fait de savoir voir, et d’être intéressé à voir. »
« Il est important que l’esprit soit préparé il l’est moins que le maître soit habile. »
« L’esprit est naturellement porté à distinguer les qualités indépendamment des objets. »
Tout le matériel est étalonné sur le phénomène de l’attention.
Le monde ne cesse de se complexifier. On ne sait pas ce qu’il sera. Mais on doit aider les enfants, futurs adultes, à pouvoir s’y orienter. Il faut permettre la construction d’une penser complexe.
Un seul paramètre variera dans chaque outil. C’est une aide au développement. On espère qu’au travers de la manipulation de ce matériel l’enfant prendra conscience de cette propriété, de cette notion, concrètement dans son corps. L’expérience sensorielle va organiser cette prise de conscience. L’enfant imprime en lui un concept encore inconscient. Pour la prise de conscience il faudra le langage, on nommera la perception. C’est long, c’est court. Il pourra ensuite évaluer son environnement grâce à cette généralisation.
Tout le matériel du sensoriel sera présenté entre 3 et 4 ans. Il aura beaucoup d’offre d’exploration. Dans la maturation de sa prise de conscience il mettra en lien des caractéristiques. L’enfant peut manipuler plusieurs matériels en même temps s’il y a du sens à le faire. Il faut laisser le champ ouvert. Tous ne les découvriront pas tous.
Lors de la présentation on n’expliquera pas avec des mots. Alors comment le rendre sensible à une qualité telle que la longueur ? En exagérant les gestes, en créant une expérience partagée, ayant un rythme lent de découverte du matériel, en regardant, en discriminant, en choisissant, en décomposant les mouvements, en se mettant dans l’attitude de chercher, tout en mettant en exergue les caractéristiques du matériel. On va parler de la longueur par cette manipulation. On modèle la recherche, mais on ne se trompe pas !
L’objectif est que l’enfant se crée un socle de connaissances du monde.
La capacité d’abstraction et la capacité d’imagination vont se développer ensemble.
« Cet esprit n’a pas seulement la possibilité d’imaginer, qui permet de voir ce qui ne se perçoit pas directement, mais il possède la possibilité de synthétiser, d’extraire des innombrables choses qu’il rencontre autour de lui l’équivalent d’un alphabet. Cette propriété dirige naturellement l’esprit vers les abstractions. » « Si l’Homme n’avait pas la possibilité d’imaginer et d’abstraire, il ne serait pas intelligent. »
L’imagination a ses racines dans la connaissance de la réalité.
Les buts indirects du matériel sensoriel :
1/ Construction de l’intelligence
2/ Répondre au besoin de développement de l’esprit mathématique
3/ Développement de l’adaptation via les concepts (il s’accapare la culture humaine)
Le matériel sensoriel est géographiquement bien situé dans l’ambiance. Il faut tout de même remarquer que les mathématiques et le langage sont aussi majoritairement de nature sensorielle. Nous ne cherchons pas à être exhaustifs mais à avoir le juste et nécessaire. Il faut laisser un peu de vide qui pousse à chercher plus loin. On n’ajoutera rien aux étagères. Il faut déjà exploiter tout ce matériel.
Les différents sens travaillés :
à La vue
- dimension (barres rouges, escaliers, la tour rose, …
- discrimination des couleurs (tablettes de couleurs)
- discrimination des formes (cabinet de géométrie, …)
à L’ouïe
- clochettes
- boîte à bruits
à Le toucher
- lisse et rugueux, les étoffes
- le sens barrique (poids) tablettes barriques, la tour rose
- le sens stéréognosiques (reconnaître les formes en les enserrant dans la main) trier des graines, sacs
- thermique
à L’odorat
- flacons à odeur
à Le goût
- les saveurs (salé acide amer sucré)
Les caractéristiques de ce matériel :
- unicité du matériel
- universel (qui répond par ses caractéristiques propres à l’esprit mathématique et aux périodes sensibles (lois naturelles du développement) du sensoriel, du mouvement, du langage, du développement social au travers de la culture
- de nature scientifique (étalonnage sur le phénomène de l’attention – il est fondé sur le système décimal)
- une seule qualité isolée à la fois
- « un » outil pour un concept, en tout cas limiter en quantité le nombre d’outils qui travaillent une notion ou un concept
- un contrôle de l’erreur est contenu dans chaque matériel. Il nourrit l’intérêt de l’enfant.
1- contrôle de l’erreur mécanique (voir emboîtements cylindriques)
2- contrôle de l’erreur sensoriel (harmonie ou pas de la tour rose, régularité ou pas)
Ce contrôle de l’erreur deviendra mental par la suite.
- matériel complet
- matériel propre et en bon état
Distinguer, préciser, généraliser sont les 3 verbes à associer à tous ces outils.
Distinguer à mise en paires (tablettes de couleurs, le bleu avec le bleu)
Préciser à (nuances de bleu) avec des comparaisons plus ou moins
Généraliser à passage à l’abstraction lors de la leçon de langage. Les jeux avec le matériel sensoriel. Début du détachement du matériel.
La leçon en 3 temps : (empruntée à E. Seguin). Elle vient bien après la présentation et le temps de manipulation autonome. La leçon en trois temps n’est pas une présentation !
- 1er temps à on nomme (c’est bleu, c’est grand, … On nomme les conventions, le langage, la culture)
- 2ème temps à le temps le plus long, celui de la reconnaissance (montre moi bleu, montre moi jaune. On ne colle pas le concept à la matière. Donc on ne dit pas montre moi la tablette bleue. L’enfant met de lui même en lien le concept et la perception. Il s’appuie sur toute son expérience sensorielle et motrice. Il est près à recevoir le nom car il a déjà beaucoup manipulé.
- 3ème temps à Le temps le plus court (qu’est-ce que c’est ?) L’enfant va lui même nommer la perception. C’est une sorte de validation. L’enfant peu le faire s’il a accepté les conventions. Si le 3ème temps ne se fait pas, on arrête et on le refera plus tard.
Cette leçon en trois temps n’est pas une technique de vérification des connaissances mais un moment dans l’évolution de l’enfant. On fait ces trois temps d’un seul coup.
- Exemple de leçon en 3 temps
La deuxième boite de couleurs
Sur le nom des couleurs que l’enfant ne connaît pas.
1/ Nommer
Sortir la tablette grise et dire « gris ».
Sortir la tablette marron et dire « marron ».
Montrer gris et marron « c’est gris, c’est marron. »
Sortir la tablette verte et dire « vert ».
Montrer gris, marron, vert et dire « gris, marron, vert ».
Mélanger les tablettes et dire en les montrant « vert, gris marron ».
Mélanger à nouveau « marron, vert, gris ».
2/ Reconnaitre
Mélanger à nouveau
« Est ce que tu peux me montrer vert ? »
« Est ce que tu peux me montrer marron ? »
« Est ce que tu peux me montrer gris ? »
Mélanger
« Est ce que tu peux me montrer gris ? »
« Est ce que tu peux me montrer vert ? »
« Est ce que tu peux me montrer marron ? »
« Est ce que tu peux me montrer vert ? »
« Est ce que tu peux prendre gris et le poser ici ? »
« Maintenant est ce que tu peux prendre vert et le poser ici ? »
« Est ce que tu peux prendre marron et le poser ici ? »
« Est ce que tu peux prendre vert et le poser devant toi ? »
« Est ce que tu peux prendre marron et le poser devant toi ? »
« Est ce que tu peux prendre gris et le poser devant toi ? »
« Est ce que tu peux me montrer marron ? Vert ? Gris ? »
3/ Restituer
« Qu’est ce que c’est ? » montrer le vert.
« Qu’est ce que c’est ? » montrer le gris.
« Qu’est ce que c’est ? » montrer le marron.
Les Jeux
Les jeux ont plusieurs finalités :
- Relancer l’intérêt et susciter à nouveau de l’activité chez l’enfant. Pour l’aider à répéter l’expérience sensorielle et raffiner toujours plus loin son expérience sensorielle.
- Comme ils sont utilisés avec le langage, ils soutiennent la mémorisation des concepts avec le langage.
- Les jeux arrivent à un moment où l’enfant a déjà une grande expérience du matériel, et ils vont aider l’enfant à généraliser. L’enfant doit garder en lui l’image mentale du cube sur le tapis pour que lorsqu’il arrive à l’autre tapis à distance il fasse un travail de comparaison avec le cube qui est dans sa tête. Ils le mènent vers le chemin de l’abstraction. L’abstraction ne s’enseigne pas, on aide l’enfant à construire en lui l’abstraction (qui est une des caractéristiques humaines).
1er jeu : Construction de la gradation à distance (le comparatif)
- Inviter l’enfant à prendre deux tapis pour travailler.
- Déconstruire le matériel.
- Prendre le plus gros élément et le poser sur le deuxième tapis (le plus éloigné possible du premier tapis)
- « Peux-tu aller chercher l’élément juste un peu plus petit que celui-ci ? Tu veux vérifier en le posant dessus/devant/à côté ? » L’enfant va chercher et vérifie.
- « Et maintenant tu peux aller chercher l’élément qui est un peu plus petit que celui-ci ? »
L’enfant va chercher et vérifie.
- Etc. jusqu’à ce que le matériel soit reconstruit.
Le comparatif est utilisé donc ca veut dire que la leçon sur le comparatif a été faite avec l’enfant.
2ème jeu : exploration du comparatif à partir d’un élément médian de la gradation
- Prendre un tapis et le dérouler.
- Aller chercher le matériel en prenant les éléments un par un en commençant par le plus petit.
Les disposer de façon aléatoire sur le tapis.
- « Je m’installe sur l’autre tapis. » Prendre un élément de taille médiane.
- « Est ce que tu peux me trouver un élément plus grand que celui-ci ? Maintenant est-ce que tu peux me trouver un autre élément plus grand que celui-ci ? » L’enfant pose de façon aléatoire l’élément qu’il a sélectionné.
- « Est ce que tu peux me trouver un élément plus petit que celui-ci ? Est ce que tu peux me trouver un élément plus petit que celui-là ? » L’enfant pose de façon aléatoire l’élément qu’il a sélectionné.
- « Est ce que tu peux me trouver un élément plus grand que celui-ci ? » L’enfant pose de façon aléatoire l’élément qu’il a sélectionné.
→ On prend un élément médian et on envoie chercher un élément possible.
3ème jeu : Construction de la gradation à distance à partir d’un élément médian de façon horizontale
- Prendre un tapis et le dérouler.
- Aller chercher le matériel en prenant les éléments un par un en commençant par le plus petit.
Les disposer de façon aléatoire sur le tapis.
- « Je m’installe sur l’autre tapis. »
- « Je vais prendre cet élément-ci et je vais le poser là bas. »
- « Peux tu aller chercher l’élément JUSTE UN PEU PLUS petit que celui-ci ? » Désigner l’élément.
- « Et maintenant est ce que tu peux trouver celui qui est JUSTE UN PEU PLUS grand que celui-là? » Désigner l’élément.
- Placer l’élément ramené par l’enfant de façon à construire une gradation horizontale sur le tapis.
- « Peux-tu aller chercher l’élément JUSTE UN PEU PLUS petit que celui-ci ? » Désigner un des
éléments placés aux extrémités. Etc pour tous les éléments.
4ème jeu : La mise en paire à distance avec deux tapis
5ème jeu : La mise en lien du matériel avec l’environnement
• On peut partir du matériel ou de l’environnement mais il faut toujours qu’il y ait une distanciation.
- Avec deux voire trois enfants : exemple de la barre rouge
- « Si je te donne cette barre, est ce que tu crois que tu peux trouver dans l’ambiance les objets qui ont cette longueur là ? » «on peut en trouver d’autres ? »
- OU alors dans l’autre sens : montrer un objet, le nommer et demander « est ce que tu peux trouver une barre rouge de la même longueur que cet objet ? »
- OU demander à l’enfant de choisir un objet et de trouver une barre de la même longueur.
6ème jeu : Les jeux en groupe
• Mise en paire (avec 2 ou 3 enfants)
• Construction de la gradation (avec 10 enfants)
- Avec 10 enfants, chacun prend un cube de la tour.
- « Qui pense avoir le cube le plus grand ? »
- « Qui pense avoir le cube le plus petit ? »
- Et on reconstruit la tour rose à 10.
Jeu de devinettes
- Possibilité de faire le jeu avec plusieurs enfants
- Sur un tapis poser les tablettes de couleur.
- Chaque enfant prend une tablette de couleur d’une paire dans le dos.
- Demander qui a la tablette de cette couleur en désignant une tablette.
L’enfant doit se souvenir de ce qui est dans son dos.
Discrimination des dimensions
Discrimination des couleurs
Discrimination des formes géométriques
En 2 dimensions
En 3 dimensions
Développement du sens auditif
Développement du sens tactile
Activités simples
Activités complexes
Développement du goût
Ressources complémentaires
Progression des activités en pdf
Séquences par attendus - Développement sensoriel
